« AGS Therapeutics: une micro-algue au service des biomédicaments »
Apporter un système de délivrance efficace des nouvelles thérapeutiques innovantes, tel est l’objectif de l’entreprise de biotechnologies AGS Therapeutics dont le travail porte sur l’utilisation des vésicules extracellulaires de micro-algues. Afin de permettre l’avancée de ce projet attractif pour les industries pharmaceutiques, une levée de fonds de 30 millions a été lancée par la société.
AGS Therapeutics, un nouveau paradigme dans la délivrance des nouvelles thérapeutiques
AGS Therapeutics est une société française créée en mai 2020, durant la pandémie de COVID-19, et s’est basée sur les recherches de Lionel Navarro, directeur de recherche à l’Institut de biologie de l’Ecole normale supérieure (IBENS) pour mettre en place sa nouvelle technologie.
On observe depuis quelques années l’émergence de nouvelles innovations thérapeutiques, avec une utilisation généralisée de produits biologiques innovants. Parmi eux, les ARN messagers, les ARN interférents, les ADN, ou encore des complexes d’édition de gènes et plasmides d’expression génique sont en développement.
Mais parallèlement à ces innovations, il n’existe aujourd’hui pas encore de système de délivrance optimal de ces nouveaux médicaments pour qu’ils puissent agir à une dose thérapeutique, à la bonne cible, et en surmontant les barrières biologiques (hémato-encéphalique et digestive, notamment). Ces produits avancés, en l’absence d’un vecteur adapté, peinent à avancer dans leur développement pour le traitement des pathologies humaines.
C’est de ce constat qu’est née la solution innovante d’AGS Therapeutics. L’entreprise a été créée pour développer et exploiter la potentialité d’un système de délivrance de ces nouveaux médicaments en utilisant une micro-algue, Chlorella, qui est pour le moment essentiellement cultivée pour la fabrication de compléments alimentaires. L’idée est de pouvoir encapsuler ces produits thérapeutiques dans les vésicules extracellulaires de micro-algues (MEV) qui sont naturellement sécrétées par Chlorella.
Des vésicules extracellulaires aux résultats prometteurs
Ces vésicules extracellulaires en question sont de petites sphères, de l’ordre de 200 nanomètres de diamètre, formées d’une bicouche lipidique et sécrétées par toutes les cellules des organismes vivants. Il a été découvert ces dernières années que ces vésicules sont un moyen de communication entre les cellules et ont alors pour fonction première de délivrer des messages.
Contrairement aux vésicules extracellulaires provenant de cellules d’origine animale ou humaine, les études de biodistribution et de pharmacocinétique in vivo d’AGS Therapeutics montrent que leurs vésicules extracellulaires de microalgues (MEV) permettent d’atteindre différents organes, en fonction de leur mode d’administration.
Ainsi, elles atteignent:
- le foie en intraveineuse ;
- les poumons par voie intranasale. Par le bulbe olfactif, elles atteignent certaines zones du cerveau, shuntant ainsi la barrière hémato-encéphalique ;
- les intestins et le GALT (Gut-associated lymphoid tissue) par voie orale, sans être détruites par la barrière gastrique.
L’entreprise AGS Therapeutics a alors développé en parallèle deux plateformes technologiques, intrinsèquement liées: l’une des deux se concentre sur la production de MEVs, tandis que l’autre conçoit et optimise les moyens de charger ces vésicules pour qu’elles puissent devenir les meilleurs vecteurs des thérapeutiques basées sur des protéines, acides nucléiques et autres petites molécules.
Les expériences d’utilisation des MEV en tant que vecteurs de biomédicaments sont prometteuses. En chargeant des vésicules de microalgue avec un ARN messager codant pour la protéine GFP, l’entreprise a observé qu’elles délivrent bien l’ARN messager en question, et que ce dernier se traduisait bien en protéine GFP fonctionnelle (cf photo ci-dessous). Ces résultats, confirmés in vivo dans deux modèles animaux montrent ainsi la délivrance de protéine ou bien l’expression d’ARN messager, dans le poumon, dans l’intestin et dans l‘œil.
Une attractivité pour les industries pharmaceutiques
Avec le septième brevet de l’entreprise déposé récemment, AGS therapeutics avance dans le développement de sa technologie, qui, malgré sa précocité, suscite l’intérêt de grands groupes pharmaceutiques. Des discussions en cours pourraient permettre à AGS Therapeutics de signer des collaborations d’ici un an à un an et demi. Cette attractivité croissante est issue du potentiel élevé de leurs vésicules extracellulaires de micro-algue (diversité des voies de délivrances, nombreuses indications médicales…). Généralement, les accords de collaborations entre les Biotech et les Pharmas sur de nouvelles technologies ARN atteignent des valeurs globales de l’ordre de 800 à 1200 millions de dollars, avec une composante de paiement en avance bien souvent entre 25 et 50 millions de dollars.
Face à un tel engouement, AGS Therapeutics cherche à financer un plan de développement accéléré grâce à une levée de fonds en série A d’environ 30 millions d’euros, avec une première tranche actuellement ouverte de 10 millions, la seconde tranche de 20 millions d’euros étant libérée sous condition de réalisations de certaines étapes.
L’Agence Delta pour Le Figaro Santé.